Lorsque la décision d'électrifier le réseau de Champagnole est prise, l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées fait passer le matériel moteur de 6 locomotives à vapeur à 4 automotrices électriques, chiffre qui lui paraît à l'époque amplement suffisant. Mais au début de l'année 1926 il se rend compte de son erreur : le service prévu à deux allers-retours MV et un aller-retour marchandises journaliers nécessite trois automotrices, ce qui fait qu'il n'y plus d'automotrice de réserve, la quatrième automotrice étant normalement en révision lorsque les trois autres roulent.
À défaut d'une cinquième automotrice, il estime qu'il serait bon d'avoir un engin de manoeuvre pouvant rouler en cas de coupure du courant. L'automotrice Berliet n°1 ne pouvant convenir à cette tâche du fait de sa non réversibilité, il propose l'achat d'un locotracteur.
Cinq constructeurs sont en compétition : Berliet, Campagne, Crochat, Horme & Buire et Renault. Berliet est de nouveau choisi le 12 juin 1926 en raison du prix demandé, qui est presque moitié moindre que celui des autres constructeurs (86.120 francs).
Le locotracteur est expédié le 12 février 1927, et reçu vers le 22 février. L'essai de réception provisoire a lieu le 2 mars et sa mise en service est immédiate, la réception définitive intervenant le 25 octobre suivant. Le seul incident connu lié à l'emploi de celui-ci est la rupture des chaînes de commande et d'entraînement de la génératrice le 1er décembre 1927, incident dû au manque de formation du personnel.
Locotracteur vu à Champagnole en 1946 (cliché A. Artur).
Locotracteur vu à Champagnole en juillet 1949 (cliché C. Schnabel).
Pour l'entretien de la caténaire, le locotracteur est associé à un wagon plat muni d'un échafaudage en bois (dénommé « tourelle »). Au début il s'agit du wagon plat n°481 (portant l'inscription P.481), puis vers 1940 c'est le numéro 492 qui semble répondre à cette fonction. Le locotracteur est lui-même muni d'une petite plateforme sur son toit à une date inconnue.
À la suite de la demande du maire de Foncine-le-Haut du 25 novembre 1937, qui réclame le maintien d'une navette marchandises entre sa ville et Foncine-le-Bas deux fois par semaine, des essais sont effectués les 3, 10 mars et 14 avril 1938 avec le locotracteur.
Les résultats étant satisfaisant financièrement, le locotracteur est affecté au service marchandises à la demande sur cette section à partir du 1er mai 1938. Ce service cesse en octobre 1940, suite à la pénurie d'essence.
Le locotracteur est ensuite peu utilisé jusqu'en 1949, puisque l'autorail AP4 loué au Doubs est utilisé pour l'entretien de la caténaire. Il doit reprendre du service à partir de l'arrivée de l'autorail De Dion-Bouton jusqu'à la fermeture de la ligne de Champagnole à Foncine-le-Bas. Peut-être utilisé lors de la dépose des voies, il doit être ferraillé en 1951.
En annexe : caractéristiques techniques
copyright Elie Mandrillon 2005