Le réseau des CFV du Jura

Les études

Cet épisode dégoûte le département des autorails, et dès 1931, bien qu'une étude d'exploitation avec ce matériel soit réalisée, la décision de mise sur route du service voyageurs est prise. Et même si en 1933 les constructeurs d'autorails sont de nouveau consultés (Bugatti, Somua, De Dietrich, Renault, Berliet et Laborie), c'est surtout dans un but d'informations, afin de se convaincre que l'autocar est bien la meilleure solution.

Pourtant en 1938 une nouvelle étude est lancée : elle prévoit l'emploi d'autorails De Dion-Bouton à bogies fonctionnant au gazogène, du même modèle que ceux commandés par le département des Landes. Il s'agit plus de voir s'il serait financièrement intéressant d'exploiter avec les subventions de l'État, que d'une réelle étude de faisabilité. D'ailleurs à cette époque la décision de fermeture totale du réseau de Lons-le-Saunier est quasiment prise, et l'affaire en reste là.

Les autorails Laborie et De Dion-Bouton

À la fin de la deuxième guerre mondiale, le département cherche à réduire les coûts d'exploitation, et se tourne de nouveau vers les autorails afin d'assurer de manière moins onéreuse le service des voyageurs. Le département du Doubs possède à cette époque 5 autorails Laborie de type JL, qui sont inutilisés depuis la fin de l'année 1939. Quatre d'entre eux sont pris en location (AP 3, 4, 5 et 7), et le nouveau service voyageurs entre en vigueur dès le 1er août.

Autorail Laborie AP 4 vue au dépôt de Champagnole en septembre 1948. Curieusement le logo CFV a été apposé sur son flanc alors qu'il est simplement en location (cliché J. Chapuis, coll. FACS-Patrimoine Ferroviaire).

Ce service, qui instaure des trains « express » ne s'arrêtant pas dans toutes les gares, permet de ramener le temps de parcours entre Lons-le-Saunier et Saint-Claude à 2h20 - 2h30. Mon père se souvient de l'arrivée de sa grand-mère à Clairvaux dans l'un de ces « autobus sur rails » de couleur bleue. Il semble bien qu'à l'époque les habitants de la région étaient convaincus que face à la pénurie en pneumatiques les CFV avaient mis sur les rails leurs autocars.

Cet essai est victime de son succès, et très vite les 17 places de ces autorails se révèlent insuffisantes pour transporter les voyageurs au départ. Bien souvent ceui-ci affiche complet dès son départ de Saint-Claude, et ne peut de ce fait prendre de passagers en cours de route. Le 5 novembre 1945 il est demandé une mise au point de ce mode d'exploitation, mais le département n'étant pas désireux de continuer l'exploitation ferroviaire, ce service s'arrête au début de l'année 1946 (peut-être même dès la fin du mois de décembre 1945).

L'autorail AP 4 continue à être loué après cette date pour assurer l'entretien de la caténaire sur le réseau de Champagnole, et aussi pour remplacer les trains électriques défaillants, à partir du mois de mars 1946 apparemment. Il est remplacé à partir du 4 mai 1949 par l'autorail De Dion-Bouton AM 34 qui assure jusqu'à la fermeture de la ligne de Champagnole à Foncine-le-Bas les navettes entre Foncine-le-Bas et Foncine-le-Haut. Cette autorail a certainement été choisi pour sa capacité à prendre en remorque un wagon plat.

Autorail De Dion-Bouton AM 34 vu à Foncine-le-Bas en juillet 1949. On remarque la fatigue du châssis (cliché C. Schnabel, coll. Mandrillon).

© Elie Mandrillon 2005 – 2022