Le réseau des C.F.V. du Jura

Les bâtiments

On ne peut pas dire que lors de l'ouverture des premières lignes une grande recherche architecturale ait été apportée aux bâtiments. À l'époque on recherche plutôt le moyen de construire le plus économiquement possible.

Bâtiment de Lavans, type 1898 avec logement (coll. E. Mandrillon).

Trois types de bâtiments pour les voyageurs sont construits, selon l'importance du village et la position de la gare par rapport à celui-ci. Le BV de base se compose d'un simple rez-de-chaussée comprenant une salle d'attente et un local pour la vente des billets et l'enregistrement des bagages (Revigny, Saint-Maur, Nogna, Soucia, Meussia, Charchilla, Villards-d'Héria, Pratz, Dompierre et Chambéria). Un second type, identique dans la disposition au précédent, mais de dimensions plus grandes est construit dans les gares desservant un village d'importance (Conliège, Clairvaux, Orgelet et Arinthod). Enfin, le dernier type de BV comporte un étage permettant de loger le chef de gare (Bifurcation, Saint-Lupicin, Lavans-Village, Ugna-Savigna et Chatonnay).

Des cabinets d'aisances sont présents de manière anecdotique lors de l'ouverture en 1898 : seules les gares de Lons-le-Saunier les Bains, La Bifurcation et Moirans bénéficient de cet aménagement. Dès l'année suivante, à la demande du Conseil Général, toutes les gares où les trains marquent plus de deux minutes d'arrêt en sont pourvus ; il s'agit des gares de Pont-de-Poitte, Clairvaux, Villards-d'Héria, Lavans – Village, Saint-Claude et Orgelet. En 1901, lors de l'ouverture du prolongement sur Arinthod, cette dernière gare en est équipé ; en 1902, après réclamation et subvention de la commune, ils sont installés à Charchilla.

À ce BV est accolé une halle marchandises et un quai découvert (excepté à La Bifurcation, qui n'est ouverte qu'aux voyageurs à l'origine). La halle marchandises peut être de deux types : petit et grand modèle, en fonction du trafic marchandises attendu. Des halles de petit modèle sont installées à Conliège, Revigny, Saint-Maur, Nogna, Soucia, Meussia, Charchilla, Villards-d'Héria, Pratz, Lavans-Village, Dompierre, Chambéria, Ugna-Savigna et Chatonnay. Le grand modèle est construit à Pont-de-Poitte, Clairvaux, Moirans, Saint-Lupicin, Orgelet et Arinthod.

Tous ces bâtiments sont construits en pierre calcaire du pays, les murs sont crépis, et seuls les entourages des bâtiments et des portes et fenêtres sont en pierre de taille ; le toit est recouvert de tuile. Le nom de la gare est gravé dans une pierre située du côté des voies pour les bâtiments à étage, et sur le côté pour les autres.

Bâtiment d'Arinthod, type 1898 grand modèle sans logement (coll. G. Jacquier).

Quatre gares bénéficient d'un traitement plus soigné (en raison de subventions plus importantes de la part de la commune) : tout d'abord Lons-le-Saunier avec la station devant le PLM et la gare des Bains, toutes les deux en simple rez-de-chaussée. Moirans peut s'enorgueillir du seul BV bénéficiant d'une réelle recherche architecturale, celui-ci est même pourvu d'une marquise du côté des voies pour abriter les voyageurs (il en aura coûté 10.000 francs à la ville). À Saint-Claude, le BV et la halle marchandises sont de dimensions imposantes, la gare étant très éloignée du centre-ville.

Bâtiment de Lons-le-Saunier (coll. E. Mandrillon).

L'imposant BV de Moirans avec son abri de quai (coll. M. Gauthier-Clerc).

Diverse modifications interviennent, et ce dès 1899 avec le rehaussement du BV de Saint-Maur afin de loger le chef de gare. En effet, la gare est située à plus de deux kilomètres à vol d'oiseau du village, et ne comporte à l'origine pas de logement pour le chef de gare. Cette situation, intenable durant l'hiver, conduit à la démission de l'employé au début de l'année 1899, et la compagnie des C.F.V. se voit dans l'obligation d'aménager un logement en rehaussant le bâtiment, un escalier extérieur permettant d'accéder à l'étage. En 1913 l'escalier est intégré au bâtiment, lorsque celui-ci est allongé.

En 1910 la station de Bifurcation se voit doter d'une halle et d'un quai découvert pour les marchandises, et en 1913, lors de la transformation de la halte de Perrigny en gare, le troisième modèle de BV est utilisé afin de s'intégrer au restant de la ligne, mais avec utilisation de plaques émaillées avec lettrage blanc sur fond bleu pour figurer le nom de la gare.

La construction de la ligne de Foncine-le-Haut donne lieu à l'apparition d'un nouveau type de bâtiments : la brique et l'acier sont maintenant utilisés dans la construction du BV et de la halle marchandises, qui voit son troisième mur remplacé par une palissade en bois. Deux types de BV sont utilisés : avec (Crillat, Bonlieu et Ilay) et sans logement pour le chef de gare (Saint-Maurice, Chaux-du-Dombief, Lac des Rouges Truites et Foncine-le-Bas), situé à l'étage. Les BV munis d'un étage sont dotés d'un réduit attenant comportant des cabinets d'aisance. Selon l'emplacement de la gare, un bataillage de zinc protège ou non les murs des intempéries.

Bâtiment de Bonlieu, type 1907 avec logement (coll. G. Jacquier).

Bâtiment de Foncine-le-Haut (coll. E. Mandrillon).

Les halles marchandises sont toutes de petite taille, avec quai découvert attenant. Le nom de la gare est portée sur des plaques émaillées (lettrage bleu sur fond blanc) situées sur les murs côté cour et voies pour les BV à étage, et sur les pignons du BV et de la halle marchandises pour les autres.

BV réhaussé de Clairvaux (coll. E. Mandrillon).

La gare de Foncine-le-Haut, futur point de jonction avec les Chemins de Fer du Doubs, bénéficie d'un BV à étage et d'une halle de grandes dimensions. La construction de la nouvelle ligne entraîne l'agrandissement du BV de Clairvaux, qui est allongé et surélevé d'un étage, afin de loger le chef de gare, ces travaux sont réalisés en 1906.

Lors de la décision de construction des lignes nouvelles en 1912 et 1913, un nouveau type de bâtiments est adopté, cette fois-ci il n'y a qu'un seul modèle : BV à étage avec WC attenant, halle aux marchandises et quai découvert. Le béton armé est cette fois-ci utilisé, en complément de la pierre de taille et de la brique. Le nom de la gare est disposé sur des plaques émaillées apposées côté cour et voies du BV.

Les bâtiments du réseau de Champagnole, qui n'ont pu être construits avant la guerre, sont réalisés en 1921-1922 selon les plans prévus à l'origine.

Il est aussi décidé en 1913 de munir tous les BV d'un logement pour le chef de gare, ces travaux sont exécutés durant la guerre, selon trois modèles, afin de s'adapter aux deux types de 1898 et à celui de 1907. Les travaux comprennent l'allongement du BV avec adjonction d'un étage et d'un escalier d'accès extérieur métallique, des plaques émaillées portent le nom de la gare sur les pignons des BV. Scindés en deux lots, ces travaux (adjudication du 7 mai 1914 et marché de gré à gré) sont notablement ralentis par la guerre (manque de main d'oeuvre et de matières premières), mais néanmoins achevés pour le gros oeuvre en 1916 et 1917. Les travaux de parachèvement se poursuivent jusqu'en 1918, et la réception définitive intervient en 1919 et 1921.

BV réhaussé d'Arinthod (coll. E. Mandrillon).

BV réhaussé de Saint-Maurice (coll. R. Landré).

À l'occasion de ces travaux, les cabinets d'aisances, dont l'entretien est apparemment laissé à la charge des communes, sont dans leur grande majorité supprimés. Ils subsistent néanmoins à Lons-le-Saunier les Bains, La Bifurcation, Clairvaux, Moirans (déplacés en 1921), Saint-Claude et peut-être Arinthod.

À Lons-le-Saunier, au début de l'année 1914, le bâtiment de la station de Lons-le-Saunier – P.L.M. est élargi.

Les haltes ne bénéficient à l'origine que d'un simple poteau indicateur métallique, qui est bien insuffisant durant l'hiver. Après participation financière des communes concernées, des abris sont construits progressivement : Boissia en 1908 (abri-parapluie en bois), St Laurent-PLM (1909), St Pierre, les Martins et le Maréchet en 1910, Lac de Bonlieu en 1912, et enfin au Saugeot en 1913.

L'abri-parapluie de Boissia, complètement pourri en 1917, est reconstruit en dur en 1924. La halte de Marnézia bénéficie elle aussi d'un abri en dur du même modèle que celui de Boissia à une date inconnue. En 1933 un abri est finalement construit à la halte d'Etables, sur la commune de Saint-Claude.

Même réhaussé le BV de Moirans reste unique (coll. E. Mandrillon).

La seule halte se distinguant des autres est celle de Saint-Claude – Ville, qui bénéficie dès l'origine d'un petit abri. Celui-ci est agrandi en 1904 lors de son ouverture aux bagages.

Les remises à machine sont légères jusqu'en 1914 : le premier modèle, entièrement en bois, est utilisé à Clairvaux (achevée le 20 février 1899) et Arinthod (la remise a d'abord été construite en 1900 à Orgelet avant d'être déménagée en 1901). À Arinthod un logement en brique pour les agents de train est accolé à la remise ; il est agrandi durant la première guerre mondiale.

À Saint-Claude, la remise, entièrement en bois, se distingue des deux précédentes par l'ajout d'un dortoir, d'un magasin et d'un petit atelier, incorporés à la structure en bois. En 1905 la partie comportant les extensions est reconstruite en dur, et le magasin et l'atelier disparaissent. Le logement des agents de trains est lui aussi agrandi durant la première guerre mondiale.

Remise à machine de Saint-Claude avant 1905 (coll. E. Mandrillon).

Remise à machine de Saint-Claude après reconstruction en dur du logement (coll. M. Gauthier-Clerc).

Pour la ligne de Foncine-le-Haut, les remises, toujours en bois, sont prolongées par un bâtiment en dur servant de logement (Clairvaux, Saint-Laurent et Foncine-le-Haut). Lors de l'agrandissement du logement entre 1914 et 1918, celui-ci est rehaussé d'un étage et muni d'un escalier d'accès extérieur métallique. Le logement de Foncine-le-Haut n'est agrandi qu'en 1927, lors de l'arrivée de la ligne des CFD.

Construction de la RM de Saint-Laurent en 1907 (coll. L. Charnu).

RM de Saint-Laurent après agrandissement du logement (coll. E. Mandrillon).

Le réseau de Champagnole bénéficie de remises en béton à Sirod, Foncine-le-Bas et Boujailles ; celles-ci sont munis d'un petit logement à leur extrémité.

Les dépôts et ateliers, situés à Lons-le-Saunier les Bains et à Champagnole, sont construits pour le premier en pierre et pour le second en béton armé. À l'origine le dépôt des Bains se compose d'un seul bâtiment de quatre travées (peinture et menuiserie, remisage des voitures et ateliers). Les bureaux de l'exploitation sont situés à côté du dépôt, dans un bâtiment muni d'un étage. Lors de l'arrivée de la ligne de Foncine-le-Haut en 1907, deux nouvelles travées sont construites, l'une abritant une extension des ateliers, et l'autre une nouvelle remise pour les voitures à bogies. En 1929-1930, les bureaux sont agrandis avec l'adjonction d'un étage supplémentaire. Le chauffage central y avait été installé en 1925.

Le dépôt de Champagnole est plus modeste : le bâtiment en béton armé comporte trois travées pour le remisage et l'entretien des automotrices. Un petit bâtiment à étage abrite les bureaux de l'exploitation.

À l'origine, l'éclairage des gares du réseau vapeur le soir devait être des plus réduits, mais à l'occasion des travaux d'agrandissements des bâtiments en 1914, des lampes à pétrole sont installées au coin des BV. La gare de Clairvaux est même dotée de deux lampes sur le trottoir séparant les voies de Foncine et de Lons-le-Saunier.

Lors de l'électrification du département durant les années 1920-1930, l'éclairage est modernisé par la pose d'ampoules fonctionnant à l'électricité. La première réalisation a lieu en 1929 dans les gares de Moirans et Crillat, à la demande des communes. Suite aux bons résultats, cette initiative est étendue à toutes les gares du réseau vapeur en 1930. L'équipement de base comprend en tout 5 ampoules : deux de 50 bougies à l'extérieur, une de 50 bougies dans le bureau du chef de gare et une de 25 bougies à l'intérieur de la halle aux marchandises. Selon les gares, plus ou moins d'ampoules seront installées.

Pour le stockage du charbon durant l'hiver, afin d'éviter qu'il ne gèle, rien n'est prévu à l'origine, mais dès les premières années d'exploitation une annexe pour le charbon est accolée à la remise à machine de Saint-Claude. Il faut attendre 1907 pour que d 'autres équipement soient installés : des hangars à charbon sont construits à Clairvaux et Foncine-le-Haut, puis en 1909 un hangar du même type est construit à Saint-Laurent.

Pour permettre aux gares d'être au courant des déraillements et autres incidents sur les lignes, ainsi que pour demander la fourniture de wagons au dépôt, une ligne téléphonique existe, mais toutes les gares ne sont pas équipées des appareils nécessaires pour les communications. Seules celles utilisées pour les croisements de trains sont en général équipées.

En 1898, des appareils existent à Lons-le-Saunier – Dombes, P.L.M. et Bains, La Bifurcation, Pont-de-Poitte, Clairvaux, Meussia, Moirans, Pratz, Lavans – P.L.M., Saint-Claude et Orgelet. Lors de l'ouverture du prolongement sur Arinthod en 1901, la gare de Conliège est équipée, ainsi qu'Ugna – Savigna et Arinthod. Sur la ligne de Foncine-le-Haut, le détail n'est pas connu, mais la gare du Lac des Rouges Truites étaient équipée (il fut supprimé de 1923 à 1924), et très certainement celle de Foncine-le-Bas à partir de 1927. Lors du trafic exceptionnel de bois entre Saint-Maurice et Saint-Laurent par les Papeteries de France, le téléphone fut installé en 1923, et enlevé en 1928.

copyright Elie Mandrillon 2005