Le réseau des C.F.V. du Jura

Abandon des lignes bressanes et projets d'électrification

Si en octobre 1920 la ligne de Lons-le-Saunier à Pierre reste mentionnée, dès le mois de novembre il n'est plus question que de la ligne de Salins à Andelot et du réseau de Champagnole (Champagnole à Foncine-le-Bas et Sirod à Frasne). Le sort des deux lignes nouvelles partant de Lons-le-Saunier reste incertain durant plusieurs années, jusqu'à ce que le Conseil Général décide le 4 mai 1926 de leur abandon définitif.

Les travaux d'infrastructure sont repris en 1921 sur le réseau de Champagnole, et s'achèvent au début de l'année 1923 (il est fait appel cette fois-ci au ciment armé pour les ouvrages d'art, qui sont nombreux sur les deux lignes), ceux de la ligne de Sirod à Boujailles étant retardés par le choix du point de jonction avec la compagnie du P.L.M., qui s'est finalement porté sur Boujailles au lieu de Frasne, qui est pourtant le point de départ de la ligne internationale vers Vallorbe (Suisse).

Puis, le 22 août 1922, le Conseil Général décide d'employer des automotrices pour le transport des voyageurs sur les lignes nouvelles, en complément de trains vapeurs pour les marchandises. Cependant, avant que ce choix ne devienne définitif, il est décidé de procéder à un essai sur la ligne de Clairvaux à Foncine-le-Haut, au trafic voyageurs plutôt faible en dehors des jours de foire.

Sur le réseau en exploitation, dans l'attente d'une décision concernant l'électrification, les locomotives à vapeur existantes sont remises en état, et les circulations ferroviaires s'étoffent à nouveau peu à peu : à partir du 21 septembre 1920 trois allers-retours journaliers sont assurés vers Saint-Claude, au 1er juin 1921 deux allers-retours journaliers sur Arinthod, enfin à partir du 5 mars 1923 deux allers-retours journaliers sur Foncine-le-Haut.

Malheureusement, dès 1920, le réseau devient déficitaire, malgré les nombreuses augmentations de tarifs, mettant la compagnie des C.F.V. dans une situation inconfortable. Ceci est lié à la crise économique et à la concurrence automobile (voitures et camions) qui atteignent de plein fouet le réseau.

La première automotrice Berliet mise en service sur les C.F.V., vue à sa sortie d'usine en 1923 (coll. Rochaix).

L'essai de marches journalières par automotrice sur la ligne de Foncine-le-Haut débute le 29 octobre 1923 au moyen d'une automotrice Berliet, avec à cette occasion le rétablissement des trois allers-retours journaliers, dont deux assurés par l'automotrice. Malencontreusement la fiabilité n'est pas au rendez-vous, et les circulations sont rapidement réduites à deux allers-retours journaliers, sauf durant l'été.

Au vu des résultats, et aussi afin d'obtenir des subventions de la part de l'État, le département s'oriente alors sérieusement vers l'électrification du réseau en 1924. L'électrification est maintenant prévue en 1 500 Volts continu, suite aux décisions ministérielles, aux problèmes techniques liés à l'emploi du 3 000 Volts et à l'espoir de voir le P.L.M. fournir le courant dans l'avenir. Quatre sous-stations sont prévues : Bifurcation, Villards-d'Héria, Saint-Laurent et Sirod, et la production du courant doit être assurée par le département.

Cette étude reporte la décision d'électrification de quelques mois, et il est envisagé en janvier 1924 d'ouvrir le réseau de Champagnole provisoirement à la vapeur, si la pose de la voie le permet ; cette idée reste sans suite, avec la décision définitive d'électrifier le seul réseau de Champagnole le 28 mai 1924. La loi déclarant d'utilité publique l'électrification du réseau de Champagnole est signée le 15 août 1924.

À cette époque, le trafic est en régression sur le réseau de Lons-le-Saunier, et l'inflation qui sévit provoque une augmentation rapide du déficit, malgré les nouvelles hausses des tarifs appliqués, ce qui conduit le département à modifier le traité de concession avec les C.F.V. le 25 novembre 1927.

À partir de cette date un système de régie intéressée est mis en place. De même, la concession du réseau de Champagnole est rachetée par le département, qui en afferme l'exploitation aux C.F.V. par traité du 25 avril 1923, modifié en 1924, le traité définitif étant signé le 2 novembre 1926.

copyright Elie Mandrillon 2005