Le réseau des C.F.V. du Jura

Premières fermetures

Durant les années 1930 les réseaux de voies ferrées d'intérêt local sont en plein déclin, et 25% de leurs lignes vont disparaître face à une concurrence routière croissante et à une absence de volonté politique en faveur du rail. Dans les départements voisins la valse des fermetures bat son plein : en Saône-et-Loire, les lignes de la Régie Départementale ferment presque toutes de 1932 à 1938, dans le Doubs le Tramway de la Vallée d'Hérimoncourt ferme en 1934, dans l'Ain, en dehors des lignes électrifiées, la Régie ferme les lignes de 1933 à 1939, et en Haute-Saône le réseau ferme intégralement en 1938.

Dans le Jura, certains élus réclament dès 1930 la fermeture définitive des lignes de Foncine-le-Haut et Arinthod, qui ne génèrent pas un trafic marchandises très important. Mais pour l'instant ces demandes sont rejetées.

La mise sur route du trafic voyageurs continue avec la disparition le 26 mai 1933 des trains MV réguliers sur Saint-Claude, à l'exception d'un aller-retour journalier, réduit au trajet Clairvaux – Saint-Claude lors du service d'hiver 1933-1934, avant de devenir facultatif le 3 novembre 1934. À partir du service d'été 1935 plus aucun train MV ne circule entre Clairvaux et Foncine-le-Haut, seuls les trains marchandises sont assurés.

Gare de La Bifurcation dans la deuxième moitié des années 1930, seul l'autocar est présent sur le cliché (coll. Bernard).

Si les trains MV disparaissent presque complètement, le service autocar s'étoffe avec la création le 19 mai 1934 d'une liaison de Lons-le-Saunier à Saint-Claude passant par Etival (commune restée ignorée par la voie ferrée).

Parallèlement la diminution du trafic marchandises s'accentue, malgré la création d'embranchements particuliers et l'amélioration des installations de transbordement de Saint-Laurent et de Lavans-PLM à partir de 1926.

Cette diminution du trafic conforte les détracteurs du tramway, et lors de la deuxième session du Conseil Général en 1937, il est décidé la fermeture des lignes d'Arinthod et de Foncine-le-Haut à partir du 1er janvier 1938, avec enlèvement immédiat des rails, afin d'éviter toute demande de réouverture.

Cependant les populations ne l'entendent pas de cette oreille, et devant le tollé provoqué par la décision de fermeture, ainsi qu'à l'incapacité des transporteurs routiers d'assurer convenablement le transport des marchandises, les élus font marche arrière le 19 janvier 1938 : les trains de marchandises sont remis en route sur Orgelet le mardi à partir du 17 février, le vendredi sur Arinthod à partir du 22 février, et le jeudi sur Foncine-le-Haut à partir du 4 mars (avec quelques dessertes supplémentaires les semaines de foire à Lons-le-Saunier).

Mais cela ne change rien, les résultats sont toujours catastrophiques, à l'exception de ceux la section La Bifurcation – Orgelet, et le 6 mai le Conseil Général décide la fermeture définitive de la section de Clairvaux à Foncine-le-Bas, où il n'y a pas eu de train depuis le 8 avril.

Seule la section de Foncine-le-Bas à Foncine-le-Haut est conservée, suite aux demandes du maire de Foncine-le-Haut datant du milieu de l'année 1937, l'exploitation étant assurée par le locotracteur à essence du réseau de Champagnole pour le trafic des marchandises à la demande, deux navettes étant assurées par semaine.

Sur la ligne d'Arinthod, le trafic marchandises à la demande reste insignifiant entre Orgelet et Arinthod, mais il est convenable entre La Bifurcation et Orgelet. En septembre et octobre 1938, il n'y a même aucun trafic entre Orgelet et Arinthod.

Gare de Foncine-le-Haut à la fin des années 1930, l'autocar a remplacé la locomotive dans la remise à machine (coll. Trontin).

Une dernière chance est laissée à cette section, avec la reprise à partir du 10 novembre de trains marchandises réguliers les vendredis et jours de foire à Arinthod. Ce service sera interrompu le 23 décembre suite aux chute de neige, et le Conseil Général décidera de fermer la section Orgelet – Arinthod le 5 janvier 1939.

copyright Elie Mandrillon 2005