Le réseau des C.F.V. du Jura

Les locomotives de Ateliers du Nord de la France (A.N.F.)

Afin de pallier les insuffisances du matériel de traction existant, il est décidé en 1904 de pourvoir la nouvelle ligne de Foncine-le-Haut de quatre locomotives, et de livrer celles-ci de manière anticipée.

Commandées aux Ateliers du Nord de la France (licence Tubize) pour 29.075 francs pièce, les deux premières sont livrées à la fin de l'année 1904 et les deux autres au début de l'année 1906. Elles prennent les numéros 320 à 323 (qui sont également leurs numéros de construction).

Cliché constructeur, pris aux ateliers Tubize, en 1904 (coll. Musée de la Porte).

Toujours du type 030T, et possédant un effort de traction similaire à celui des premières machines livrées, elles se distinguent esthétiquement par la présence de deux véritables cabines pour le chauffeur et la mécanicien. Des châssis vitrés coulissants seront également rajoutés par les ateliers sur la cabine avant. Elles sont également munies de couvre-mouvements lors de leur livraison, et ceux-ci seront déposés en 1907 pour les mêmes raisons que sur la série 11 à 17.

Suite aux inconvénients du système anti-escarbilles de la série 11 à 17, un nouveau dispositif est appliqué : le sommet de la cheminée est muni de deux capuchons amovibles. Le premier, en tôle pleine, permet d'obturer complètement la cheminée pour laisser tomber le feu ; le deuxième, constitué d'un treillis à mailles, sert normalement à arrêter les escarbilles. Mais ce dispositif conduit lui aussi à une diminution importante du tirage, et il ne sera de ce fait employé que dans les traversées des villages.

Au cours de l'été 1907, la machine n° 320 est prête à assurer un train sur Arinthod. Les couvre-mouvements sont largement relevés (coll. Bernard).

Dès leur livraison, ces machines sont intensément utilisées afin de soulager le parc moteur existant, déjà bien fatigué. Cette pratique a pour conséquence de mettre à jour leurs défauts de conception, surtout à partir de 1907 et du retour de la surcharge des trains, suite à l'ouverture à l'exploitation de la ligne de Foncine.

Ainsi dès la fin de l'année 1907 des ruptures totales ou partielles des rayons des roues sont constatées. Mais jusqu'en 1910 le problème demeure, puisque attribué à la surcharge des trains. Ce n'est qu'à partir de l'été 1910 que les ANF livreront aux CFV de nouvelles roues avec rayons renforcés, permettant ainsi de faire disparaître ce problème.

En août 1950, la machine n° 320 est remisée le long du quai à bestiaux de la gare S.N.C.F de Lons-le-Saunier. Comme sur la série 11 à 17, une cloche avait été installée en toiture (cliché P. Laurent).

Au début de l'année 1908, de nombreuses ruptures de tubes à fumée font constater une faiblesse de ceux-ci au niveau de la fixation sur les plaques tubulaires. Ceux-ci étant plus longs que sur la série 11 à 17, ils sont de ce fait beaucoup plus sensibles aux trépidations de la locomotive, ce qui conduit au cisaillement du tube, qui se rompt alors au ras de la plaque tubulaire.

Ce type d'incident, peu fréquent au début, devient régulier à partir de 1912, et il est alors envisagé de remplacer les tubes de ces machines par le modèle de la série 11 à 17. Mais les Ponts et Chaussées trouvent une solution beaucoup plus économique : en alésant les orifices des palques du foyer et de la boîte à fumée il devient possible de renforcer les points d'attache, ce qui limite grandement les pannes.

Pour les mêmes raisons que la série 11 à 17, l'entretien devient petit à petit minimal jusqu'à la deuxième guerre mondiale, avant que celle-ci ne finisse d'user cette série de locomotives, qui partent également à la ferraille en 1948.

Sur le cliché de gauche, on voit la machine n° 322, qui assure un train de dépose des voies, au cours de l'automne 1948 (coll. Brun).

La numéro 323 est même retirée du service actif vers 1932, suite à un déraillement l'ayant grandement endommagée.

© Élie Mandrillon 2005 – 2018