Le réseau des CFV du Jura

Les locomotives de travaux

Durant la pose de la voie, en 1898 pour la ligne de Lons-le-Saunier à Saint-Claude, et en 1924-1925 pour le réseau de Champagnole, il fut employé des locomotives de chantier extérieures au réseau, soit louées par l'entrepreneur, soit appartenant à celui-ci.

En 1898, la pose de la voie fut scindée en deux lots, attribués à MM. Razel et Bougain.

Sur le premier, M. Bougain semble employer dès le début une locomotive 031T, numérotée 2, de la Société Alsacienne de Construction Mécaniques (SACM), louée au réseau des CFV de la Haute-Saône. Par courrier du 8 septembre 1898, ceux-ci réclamèrent le retour de leur machine, et la pose de la voie s'acheva avec deux ou trois petites machines, dont « la Sentinelle » et « la Ville de Neubourg » jusqu'en décembre.

Sur le deuxième lot, M. Razel utilisa deux machines qui lui appartenaient, une 020T et une 030T, jugées en fort mauvais état par les ingénieurs le 24 novembre 1898. Elles ne permirent pas de mener à bien la pose de la voie dans les délais impartis. Dès le 19 septembre 1898, un contrat de location fut signé avec les CFV de la Haute-Saône. Celle-ci faisait apparemment suite à une avarie importante sur une des machines de M. Razel. Il récupéra à cette occasion la 031T SACM n° 2 précédemment louée à M. Bougain.

Les deux locomotives utilisées par M. Razel en 1898. Il semble s'agir de machines de marque Corpet, la 020T de tête emploie une transmission de type Brown (cliché Éléonor Mandrillon, coll Devaux).

Cette machine demeura sur le réseau au moins jusqu'à la fin du mois d'octobre, puisqu'elle assura la traction du train inaugural. Le ballastage encore incomplet de la voie entre Moirans et Saint-Claude avait entraîné un refus des CFV d'assurer la conduite du train inaugural sur cette section avec leurs propres machines.

Il est même tout à fait probable qu'elle ne quitta le réseau qu'à la fin de l'année 1898, après l'achèvement de la pose du dernier tronçon de voie jusqu'au pont suspendu de Saint-Claude.

Le 23 octobre 1898, arrivée du train inaugural à Saint-Lupicin, en provenance de Lons-le-Saunier. Il est tracté par la 031T n° 2 du réseau CFV de la Haute-Saône (coll. Gay).

En 1901, on sait par un rapport que M. Boutté employa une machine de chantier entre Orgelet et Arinthod, mais sans aucune précision sur son origine. Ce même entrepreneur, fut par la suite chargé de la pose de la voie entre Clairvaux et Foncine-le-Haut, en 1907. Il loua cette fois-ci une locomotive aux CFV, pour un prix de 50 francs par jour.

Sur le réseau de Champagnole, l'entreprise Drouard employa deux locomotives d'un poids de 13 à 15 tonnes qui lui appartenaient. Les nombreux réglages qui durent être effectués après l'achèvement de la pose de la voie firent qu'elles restèrent sur le réseau jusqu'en 1926. Au 13 mars 1926, on les signalait garées sur la voie du débord du dépôt de Champagnole, et il semble qu'elles furent enfin enlevées à cette époque.

La pose de la ligne électrique, confiée à l'entreprise Tissot & Curis, donna lieu à l'emploi d'une locomotive de fort tonnage selon l'entreprise Drouard, qui se plaignait des dégradations subies par la voie fraîchement posée sur un ballast encore imparfaitement tassé. Finalement l'entreprise loua aux CFV durant quelque temps la locomotive n° 102, détachée pour l'occasion du réseau de Lons-le-Saunier.

Les employés de Tissot & Curis posent pour le photographe en gare de Foncine-le-Bas. C'est l'occasion de voir la locomotive n° 102 en activité (coll. Mandrillon).

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